QUAND LA MÉTHODE IOD CASSE LES CODES DU RECRUTEMENT

Imaginée et mise au point par l’association Transfer©, spécialisée dans l’insertion professionnelle, la méthode IOD (Intervention sur les Offres et les Demandes) priorise la coopération avec les entreprises aux processus de recrutement traditionnels. Avec l’objectif de lutter contre les représentations invalidantes des publics en insertion. Actuellement dans la Drôme, 3 structures sont conventionnées pour proposer cet accompagnement. Parmi elles, l’organisme de formation professionnelle AIME – Agir Innover Mobiliser Essaimer – historiquement présent dans le sud Ardèche et qui a ouvert une antenne à Montélimar en début d’année. Rencontres croisées avec la responsable de l’association, Amélie Bonnet, et Océane, jeune bénéficiaire de la méthode IOD…

S’appuyant sur un référentiel méthodologique et pratique, la méthode IOD se décline dès l’arrivée des jeunes dans les structures d’accompagnement, comme l’explique Amélie Bonnet, responsable de l’association AIME à Montélimar. « À chaque rendez-vous, nous leur proposons les offres d’emplois présentées par nos entreprises partenaires et nous leur laissons libre choix de se positionner. S’ils sont intéressés, nous organisons une rencontre avec l’entreprise et nous les accompagnons au rendez-vous. Contrairement à une embauche traditionnelle, l’entretien de recrutement n’a pas lieu dans un bureau mais sur le poste de travail pour échanger autour du métier et des missions proposées. À la suite de cela, si le jeune est embauché, notre accompagnement se poursuit toutes les semaines jusqu’à la fin de la période d’essai. »

Particularité de la méthode IOD : le CV n’est jamais utilisé. Les structures mettent les jeunes directement en lien avec l’employeur en fonction de leurs envies et des besoins des entreprises. « L’avantage le plus intéressant c’est vraiment la mise en relation. Les jeunes qui se présentent chez nous n’ont pas les contacts et n’auraient certainement pas obtenu de rendez-vous avec leur seul CV » affirme Amélie Bonnet. La méthode IOD permet donc de sortir des représentations et des préjugés habituels en priorisant les « soft skills », autrement dit les compétences douces : intelligence relationnelle, capacité de communication, caractère, etc.

En 2023, l’association AIME a enregistré un taux de sortie positive de 75% (contrats ou formations) pour les jeunes en insertion envoyés par tous types de structures (la Drôme, l’ASE, les foyers, les éducateurs de prévention, Mobilité 07/26, fin de contrat d’ACI, Atelier et Chantier d’Insertion). À Montélimar, malgré l’installation récente de la structure, 27 jeunes de 16 à 25 ans ont d’ores et déjà été accompagnés avec, à la clé, plusieurs signatures de CDI et CDD. Parmi eux, Océane, 24 ans, qui a renoué avec le marché du travail grâce à la méthode IOD. Témoignage.

Océane, peux-tu nous présenter ton parcours professionnel en quelques mots ?

J’ai commencé un CAP hôtellerie-restauration que je n’ai pas pu terminer en raison de problèmes personnels. J’ai quitté le foyer dans lequel je résidais à 17 ans. J’ai enchaîné avec 8 ans en restauration avant de perdre le goût et l’odorat suite au Covid. J’ai dû arrêter la restauration car c’était trop difficile psychologiquement. Après une dépression de plusieurs mois, j’ai malgré tout repris les démarches avec France Travail car je ne supporte pas de rester à rien faire. Mon projet d’ébéniste s’étant révélé trop compliqué au regard des déplacements, je m’apprête aujourd’hui à démarrer une formation de coach sportif au CFA de Montélimar à la rentrée de septembre 2024.

Comment es-tu entrée en contact avec l’association AIME 

Après ma dépression, il fallait absolument que je retrouve du travail. En parallèle, j’avais commencé les démarches pour passer mon permis de conduire avec Mobilité 26/07. C’est une personne de l’association qui m’a orienté vers AIME. La structure venait juste d’ouvrir sur Montélimar, il y avait alors peu d’offres d’emploi mais un poste dans la restauration, chez Tango Paëlla à Montélimar, a retenu mon attention.

En quoi le recrutement via la méthode IOD est différent ?

D’abord, j’ai pu bénéficier d’un stage d’observation d’une semaine pour voir si le poste me convenait. Le premier jour, j’ai été accompagnée par une référente d’AIME pour rencontrer la responsable de Tango Paëlla et échanger avec elle. Le fait d’être accompagnée a tout changé. À l’époque, j’étais désespérée, elle m’a montré le chemin. Personnellement, je n’ai pas de CV. J’ai toujours fonctionné en face à face, sans appeler, en me rendant directement sur place, à l’image de la méthode IOD. Le feeling est bien passé et par chance, suite à un désistement, j’ai pu attaquer mon contrat 2 mois plus tôt que prévu. J’y suis donc depuis avril et jusqu’à fin août, avec un contrat de 24 heures. J’ai beaucoup de responsabilités car je suis seule dans le magasin et je gère à la fois la cuisine et la vente à emporter. AIME m’a apporté un travail qui me convient au bon moment !

Est-ce que tu continues d’être en lien avec l’association ?

Avec ma référente, on ne s’est pas vues pendant un mois mais on fait le point régulièrement. Elle  imprime et gère mes contrats, notamment. Ça fait du bien d’être encadrée. Je n’ai pas eu de parents, de fait ça me rassure de trouver des gens qui m’accompagnent. En plus, l’entreprise est contente de moi. Si elle a besoin pour l’été prochain je serai là. J’ai aussi orienté une collègue de restauration vers l’association. Je crois que la démarche est très utile et efficace pour les jeunes qui sont un peu perdus après les études.

 

En savoir plus : https://aime-emploi-formation.org