Dans le théâtre Kabuki et Bunraku, les kuroko sont des marionnettistes et machinistes vêtus de noir de la tête aux pieds. Ils déplacent les décors et objets sans faire partie de l’action qui se joue sur scène.
Comme des ombres, ils sont toujours là quelque part, mais leur présence n’est pas reconnue. Dans cet esprit d’effacement de soi, une expression japonaise » kuroko ni tessuru » signifie d’ailleurs arranger les affaires de quelqu’un sans demander de reconnaissance.
La chorégraphe, danseuse et dessinatrice Ikue Nakagawa s’est intéressée à cette figure du kuroko en remarquant les petits personnages sombres qui habitent ses dessins et en comprenant qu’ils représentaient des parties d’elle-même. Dans un environnement fait d’une cloison qui compartimente l’espace, de superpositions de lumières, de bruits du quotidien et de jeux de dévoilement, ce troisième solo est aussi introspectif qu’immersif. Ikue Nakagawa nous fait véritablement plonger dans ce qui compose l’être : une multitude de couches, un feuilletage de zones d’ombres et de lumière, des peurs cachées, des émotions ignorées, tous ces autres soi qui existent sans qu’on les voie.
Spectacle possible en audio-description : le spectacle est représenté par une comédienne pour les personnes aveugles et malvoyantes.
