Culture

Dites-nous… Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020

C’est l’histoire d’un mathématicien et docteur en linguistique devenu journaliste scientifique et écrivain, qui remporte le plus prestigieux prix littéraire français et qui, dès que possible, vient travailler et se ressourcer dans la Drôme…

Dites-nous… Hervé Le Tellier, prix Goncourt 2020
Publié le jeudi 8 avril 2021 14:32
Mis à jour le mardi 5 avril 2022 14:31

Comme d’ailleurs l’un des personnages de son roman « L’Anomalie » (Gallimard) prix Goncourt 2020.

Tiré à 930 000 exemplaires, ce roman est devenu le deuxième Goncourt le plus lu après « L’amant » de Marguerite Duras (prix Goncourt 1984). Après une zone de turbulences médiatiques, il nous a donné rendez-vous au calme, à la librairie dieulefitoise « Sauts et gambades ».

 

Quand Hervé Le Tellier nous raconte « sa » Drôme

 

Rencontre à livre ouvert avec Hervé Le Tellier


Résumé de « L’Anomalie »
: en juin 2021, un événement extraordinaire et incompréhensible bouleverse la vie des passagers d’un vol Paris-New York. Tous vont être confrontés au double « Je » et à une incroyable traversée du miroir.

 

Moi j’irai dans la Drôme. J’y suis bien. (p.233)

J’ai rencontré la Drôme grâce à deux amis, l’écrivain Yves Bichet qui vit à Grignan et le traducteur Bernard Hoepffner qui habitait Dieulefit. Je voulais un lieu pour travailler, que je destinais à transformer en résidence d’écrivains pour des amis. J’aime bien ce mélange de ce qui reste de notre passé gréco-latin et de sauvagerie montagnarde. La Drôme est un peu unique dans ce cadre. Elle a cette histoire liée à notre passé historique et à notre aspiration vers les cimes. Je voulais travailler ici de manière régulière, me promener de temps en temps et avoir une vue sur la montagne quand je lève les yeux de mon bureau.

 

Nul n’est à l’abri du succès. (p.79)

C’est une formule que j’aime bien. D’abord c’est inattendu. Ensuite il y a une notion de danger dans le succès… Le succès apporte beaucoup de choses positives mais qui peut en amener des négatives. Cela ne va pas influencer mon écriture, mon mode de vie, ni transformer mon rapport à mes amis ou altérer la personne que je suis. Mais pour de jeunes écrivains, cela peut être à la fois une bénédiction et un drame. Pour moi, ce sera juste une bénédiction.

 

Mon livre est tombé totalement en écho avec ce que vivaient les gens (interview FranceInfo 6 janvier 2021)

Le confinement nous a fait nous retrouver face à soi. Un de ces rares moments dans notre vie, par la solitude, par la confrontation en permanence à soi, on vivait quelque chose d’unique. Deuxième chose intéressante, la dimension de déréalisation, le réel paraissant un peu moins réel. Nous avions plus le temps de nous interroger sur ce qu’était notre vie quotidienne. Et en même temps, le port du masque, les gestes barrière faisaient que toute une série de choses nous reliant aux autres disparaissait. Dans « L’Anomalie » il y a cette idée de disparition relative d’une certaine biologie de nos vies, une certaine disparition du réel concret, de l’existence qui rentrait en écho.

 

A votre avis suis-je l’original ou la copie ? (p.230)

Si un jour je me retrouvais face à mon double… Je crois qu’on aurait des choses à négocier… Forcément. Et si il y avait trois mois de différence avec ce double, ça l’emmènerait début novembre (2020) et je pourrais lui dire : « Arrête de stresser ».

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