Prévu par la loi pour le plein emploi, le Comité Local Pour l’Emploi (CLPE) joue un rôle central dans la coordination territoriale des politiques d’insertion et d’emploi. En rassemblant les principaux acteurs concernés au sein d’un territoire – élus locaux, acteurs départementaux et régionaux, représentants de l’État et membres du réseau pour l’emploi – cet organe de gouvernance locale décline la stratégie pour l’emploi de manière opérationnelle à travers la constitution d’une feuille de route. Dans la Drôme, le Comité Départemental Pour l’Emploi (CDPE) installé en septembre 2024 a fait le choix de 4 CLPE pour répondre aux besoins spécifiques des territoires : Drôme Ardèche Nord ; Drôme Ardèche Centre ; Val de Drôme ; Montélimar Baronnies ; Sud Drôme Ardèche (Montélimar Baronnies). Rencontre avec Philippe Nucho, Sous-Préfet de Nyons et Président du CLPE Sud Drôme Ardèche…
Quel est le rôle du Comité Local Pour l’Emploi ?
Ces comités ont été créés pour favoriser une meilleure coopération entre l’État, les collectivités territoriales et les acteurs de l’insertion, de la formation et de l’emploi. L’objectif consiste à passer d’une logique de coordination partenariale à celle d’une coopération structurée. C’est pourquoi les comités sont composés de représentants des intercommunalités (élus et techniciens), de France Travail, du Conseil Départemental, du Conseil Régional et de l’État (Préfecture, Sous-Préfectures, DDETS – Direction de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités). Alors que le Comité Départemental Pour l’Emploi (CDPE) est une instance de pilotage stratégique, le CLPE correspond à un échelon plus opérationnel qui associe pleinement les collectivités locales. Il est chargé d’adapter l’offre d’accompagnement – décidée au niveau départemental – aux besoins spécifiques du territoire, de suivre les résultats des parcours d’insertion et d’ajuster les actions le cas échéant. L’intérêt est de répondre plus efficacement aux besoins des entreprises et des demandeurs d’emploi grâce à une analyse territorialisée.
Quelles sont les particularités du CLPE Sud Drôme Ardèche ?
Le CLPE Sud Drôme Ardèche couvre plusieurs intercommunalités et un vaste territoire marqué par deux caractéristiques principales : d’abord de fortes interactions autour de la Vallée du Rhône dans laquelle les secteurs du nucléaire et de la logistique sont prégnants ; également une hyper ruralité avec des problématiques liées à la saisonnalité et à la mobilité. En outre, le territoire est en forte interaction avec le Vaucluse du fait de la présence de l’Enclave des Papes et de l’attractivité très forte du Grand Avignon. Au niveau de la gouvernance, nous avons fait le choix d’une présidence assurée de manière collégiale par 1 président – moi-même – et 4 co-présidents élus : 2 pour la Drôme et 2 pour l’Ardèche avec une volonté de surreprésentation des territoires ruraux pour répondre à leurs problématiques spécifiques.
Depuis quand le CLPE est-il au travail ?
Le 1er comité s’est réuni le 23 janvier 2025. Très rapidement, nous avons installé 3 groupes de travail autour de 3 axes prioritaires, définis par le CDPE : résorber les questions relatives aux secteurs économiques en tension ; accompagner les publics les plus en difficulté ; enfin, dynamiser l’offre de formation, en adéquation avec les besoins locaux. Sur le Sud Drôme Ardèche, le sujet du tourisme résonne particulièrement avec les emplois saisonniers et les freins à l’emploi que sont la mobilité ou l’hébergement. Un travail est donc mené avec les acteurs de la filière hôtellerie / restauration. Autre spécificité locale : la sous-traitance du nucléaire qui nécessite une véritable expertise sur des métiers spécialisés (chaudronniers, soudeurs…). Enfin, le territoire compte une population relativement âgée et des enjeux de tension sur l’aide à la personne, notamment sur les Baronnies, Dieulefit / Bourdeaux et les territoires ruraux de l’Ardèche.
A contrario, quelles sont les filières en situation d’émergence ?
Le nucléaire fait partie des plus gros enjeux locaux des prochaines années à l’image des travaux d’extension de George Besse II lancés par Orano sur le site du Tricastin ; le sujet de l’EPR pourrait également revenir sur la table prochainement, porté par des initiatives gouvernementales. En parallèle, en Vallée du Rhône, de nombreux projets vertueux en termes de développement durable devraient permettre d’aller beaucoup plus loin en matière de logistique, notamment avec l’utilisation du transport multimodal – fluvial/ferroviaire/routier.
Quel est le lien entre les différents CLPE de la Drôme ?
Nous sommes en contact via les services de la DDETS. Nous avons la chance de bénéficier d’un territoire assez cohérent avec des problématiques communes. Par exemple, une opération Territoire d’Industrie est en cours sur 4 intercommunalités du sud de la Drôme Ardèche depuis fin 2023. Un travail a été engagé avec les chefs d’entreprises et ce type d’actions sera repris dans la feuille de route du CLPE. De la même façon, plusieurs structures transverses ont déjà été mises en place pour travailler sur les métiers en tension.
Quelles sont les prochaines étapes du CLPE Sud Drôme Ardèche ?
Les 3 groupes de travail sont déjà en action selon la méthode de coopérative dynamique dite CO-OP (« Cognitive Orientation to Daily Occupation Performance »), une méthode centrée sur l’exécution des actions grâce à la résolution des problèmes. Chaque groupe va rendre ses conclusions en juin, ce qui permettra de prioriser la feuille de route locale. Une présentation est ensuite prévue en CDPE entre les mois de juillet et septembre. Sur le fond, je crois qu’il est important que les acteurs fassent preuve d’imagination, d’anticipation et d’innovation… Ils doivent sortir des sentiers battus et être proactifs pour s’emparer de tout ce qui peut être créateur d’emploi au niveau local !
Les chiffres clés du CLPE Sud Drôme Ardèche :
• Un taux de chômage de 8,5%
• 195 000 habitants
• Une population active de 90 000 personnes
• 1/3 de la population a moins de 30 ans
Les chiffres de l’emploi dans la Drôme :
• 75,7% de taux d’activité
• 8% de taux de chômage
• 14,8% de taux de pauvreté
• 469 000 embauches en 2023
• 212 000 salariés au 1er janvier 2024
• 47 290 personnes en recherche d’emploi
• 11 800 bénéficiaires du RSA à fin juin 2024
• 7 427 entreprises, dont 69% d’entreprises individuelles