UN APPEL A PROJETS POUR FAVORISER L’ACCÈS A L’EMPLOI DURABLE DES JEUNES

Jade (à droite) et sa référente, Anne-Lise (à gauche)

Il s’adresse aux structures qui accompagnent des jeunes drômois, âgés de 16 à 25 ans, soit en rupture de parcours professionnel / scolaire ou éloignés des dispositifs déjà existants, soit bénéficiant d’une mesure de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). L’appel à projets lancé en 2024 par le Département de la Drôme a pour principal objectif d’améliorer l’employabilité des jeunes, de développer leurs « compétences douces » (qualités humaines, émotionnelles, relationnelles et comportementales) et de lever les freins à l’emploi tels que la mobilité, la santé, l’alimentation ou encore le numérique. Parmi les structures susceptibles d’y prétendre, l’École de la 2ème Chance, dite E2C, qui accueille chaque année près de 150 jeunes en rupture de parcours. Rencontre avec Marie-Chantal Sauzet, Directrice, et Marie Eynard, Coordinatrice…

L’E2C fait partie de la Plateforme Emploi située au 333, Avenue Victor Hugo à Valence. Quel est le rôle exact de la structure ?

Marie-Chantal : L’association, créée il y a plus de 30 ans, est destinée à favoriser le développement économique du territoire et l’accès et/ou le retour à l’emploi des personnes exclues. Située dans les locaux du 333 à Valence, elle porte différents dispositifs comme le Centre Ressources Illettrisme Drôme-Ardèche, des experts en charge des clauses sociales dans les marchés publics, une plateforme mobilité qui aide les bénéficiaires à se déplacer de manière durable, inclusive et autonome, en favorisant notamment les transports en commun ou le covoiturage, un service consacré à l’appui aux entreprises et enfin, l’École de la 2ème Chance.

L’E2C, c’est une école qui n’en a que le nom…

Marie-Chantal : Effectivement, notre fonctionnement n’a rien de traditionnel. D’ailleurs, la plupart des jeunes que nous accueillons ont quitté l’école et ne souhaitent pas renouer avec le système scolaire. Ici, tous les profils sont les bienvenus. Un entretien de motivation suffit pour démarrer le programme qui s’échelonne en moyenne sur 6 mois et qui peut parfois durer jusqu’à 18 mois. Une fois l’entretien passé – des entrées ont lieu tous les 15 jours – le premier mois est consacré à l’intégration et à un état des lieux des compétences. Ainsi, chaque jeune bénéficie d’un parcours individualisé et d’un référent unique en plus des autres intervenants sur la structure : une animatrice numérique, une référente sociale, une psychologue, une conseillère mobilité et une responsable pédagogique. Les mois suivants, les jeunes alternent l’école et les périodes de stage.

Marie : Nous travaillons avec eux sur un projet professionnel et nous essayons de leur ouvrir le champ des possibles. Certains s’orientent vers des métiers très variés : éducateur canin, croupier, ambulancier ou encore pâtissier grâce au partenariat mis en œuvre avec Valrhona à travers le programme « Graines de pâtissier ». Notre accompagnement ne s’arrête pas là car il inclut également la santé, la gestion des addictions, la mobilité, la citoyenneté… Nous participons à de nombreuses actions (Octobre rose, Téléthon, Marche pour l’eau…) afin de développer leur esprit de solidarité.

Une « mini-entreprise » voit également le jour chaque année…

Marie : Oui, l’objectif est de montrer aux jeunes qu’ils peuvent eux aussi être entrepreneurs. Ils rencontrent d’ailleurs régulièrement des chefs d’entreprises qui leur expliquent que cela tient principalement à la motivation et à l’investissement. En janvier de chaque année, une mini-entreprise est donc créée par un groupe, autour de l’activité de leur choix. Ils doivent définir le concept, les rôles de chacun, la communication, la production, la commercialisation, etc. Cette année, une dizaine de jeunes ont donné naissance à « 26 candels », entreprise proposant une gamme de bougies locales à base de matériaux recyclés. Ils ont remporté 3 prix dans le cadre du festival des mini-entreprises organisé le 16 mai au Stade des Alpes à Grenoble. Les gains réalisés grâce la vente des bougies seront ensuite reversés à une association dédiée au patrimoine ou à l’écologie.

Quel est le suivi des jeunes à l’issue de leur passage à l’E2C ?

Nous les accompagnons pendant 1 an après leur sortie de l’établissement, avec des rencontres prévues à 3, 6, 9 et 12 mois. Le taux de sortie positive et/ou dynamique est extrêmement positif puisqu’il est de l’ordre de 70%.

En quoi l’appel à projets du Département vous est utile ?

Le budget annuel de fonctionnement de l’E2C s’élève à environ 700 K€ mais notre structure ne fonctionne que grâce aux différentes subventions : État, Région Auvergne Rhône-Alpes, Valence Romans Agglo et bien sûr la Drôme. L’appel à projets du Département est donc indispensable pour assurer la soixantaine de projets collectifs mis en œuvre chaque année. Ce dernier prévoit qu’au moins 10% du public cible doit relever de l’Aide Sociale à l’Enfance. C’est un pourcentage que nous atteignons chaque année.

Témoignage de Jade, en contrat jeune majeur

« Je suis arrivée à l’école de la 2ème chance grâce au conseiller de la mission locale. Le lieu m’a tout de suite plu. Ici, les gens sont à l’écoute et nous sommes moins nombreux, la communication est plus simple. Au-delà d’avoir confirmé mon projet professionnel dans la vente, l’école m’a aidé a passer un cap important dans ma vie personnelle. J’ai également pu passer mon code de la route. Je n’aurais clairement pas eu la même trajectoire si je n’étais pas venue ici… Je serais sûrement encore chez moi ! Je démarre à la rentrée de septembre une formation commerciale mais je reviendrai voir des amis à l’E2C, c’est sûr. »