Déjà accueillie avec Dispak Dispac’h, Patricia Allio poursuit ici son exploration d’un théâtre documentaire profondément incarné, où l’intime devient un levier pour interroger le politique.
Née dans une famille bretonnante du Morbihan en 1920, orpheline dès l’enfance, Julienne Le Breton a mené une vie rude, marquée par la pauvreté. Une mémoire longtemps restée en marge du récit familial, que Patricia Allio recueille patiemment, avec l’urgence d’en préserver la trace. Seule sur scène, s’adressant souvent directement à sa « mémé », elle retrace cette histoire à la première personne, faisant dialoguer archives sonores et photographies avec ses réflexions intimes. L’interdiction de la langue bretonne maternelle, la dureté du travail agricole, mais aussi les joies discrètes et la chaleur d’une conversation nourrissent peu à peu le portrait bouleversant d’une grand-mère adorée. À travers cet héritage complexe – entre transmissions empêchées, déni et culpabilité – se dessine un hommage vibrant, où la mémoire intime des classes populaires se heurte sans cesse aux mécanismes de l’histoire nationale.
Production: ICE