Aux désordres que nous vivons ou redoutons, Gibert Houbre semble opposer, avec toutes les forces de ses monotypes comme éclairés par le fond, les calmes de paysages liquides qui ont le
visage de la douceur. Benjamin Sozzi, quant à lui, soumet à la question la trompeuse simplicité et la force d’un papier kraft supposé connaitre les vérités que l’artiste ignore lui-même et tente, dans cet interrogatoire obstiné, de faire advenir par des chocs de formes, des rythmes de peinture et des confrontations de matière vivante.
Gilbert Houbre :
Cette série de monotypes, (janvier 2024) peinture sur cuivre avec des encres grasses de gravure et imprimée ensuite sur papier Clairefontaine est un exercice de transcription quotidienne de mes sorties dans un paysage qui m’est familier, la Seille, rivière qui passe au bas du village de Loisy, Bourgogne, ou je travaille depuis 11 ans. Paysages inondés, gelés, ou les frontières visuelles sont simplifiées, plus visibles.
Techniquement, et c’est important, le monotype par les passages du cuivre dans la presse de gravure, les encres grasses, permettent cette dilution des masses, ce flou recherché. Les détails disparaissent, s’écrasent, se modifient et vont chercher l’essentiel, l’eau, le reflet, le ciel . Certains sont presque monochromes, abstraits. Quelques gouaches de mon jardin complètent l’exposition.
Benjamin Sozzi :
 » Un jour heureux, j’ai croisé un peu par hasard le papier kraft comme on rencontre une belle inconnue
avec le trouble sentiment d’une évidence. Je travaille ma peinture comme on glane, recueillant par-ci par-là , au gré des expérimentations que permet ce riche matériau, des agencements de vérités partielles de peinture qui seront les points d’appui pour baliser un chemin de découverte vers des
organisations nouvelles ou des rythmes inédits.  »
En mars 2023, Benjamin Sozzi présente une première exposition publique très remarquée à la galerie B+ Lyon *, après plusieurs années d’investissement personnel dans la peinture et les
arts graphiques.